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3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 16:47

L’évaluation des ministres est un thème qui a suscité débat récemment. Au-delà de la question des ministres, il me semble que la question de l’évaluation mérite examen.

 

En théorie, l’évaluation est certainement une action rationnelle, qui va dans le bon sens. Essayons d’expliquer pourquoi.

 

Soit un « truc » à évaluer. Ce truc peut être un processus, une activité, une situation, un objet,… Les caractéristiques de ce « truc » sont multiples. Evaluer ce truc c’est dégager des indicateurs synthétiques (en petit nombre) qui permettent d’apprendre la pertinence de ce truc. Ce faisant, on peut alors comparer (par rapport à des trucs du même genre évalués de façon analogue), suivre dans le temps les indicateurs, donner des objectifs (par rapport aux indicateurs) et vérifier le succès ou l’échec de l’atteinte des objectifs. On peut même caresser l’idée d’un jugement « absolu » sur la base des indicateurs et indépendamment de toute référence. Tout cela permet de rationnaliser les choix, les décisions. On peut par exemple vérifier que les choix « vont dans le bon sens », rectifier une politique,…

 

Il y a donc plein d’avantage à l’évaluation. Mais, en faisant cette description, on voit poindre les dangers ou inconvénients. En effet, il apparaît que les indicateurs prennent une importance considérable : c’est eux que l’on suit et non plus « le monde réel ». Ces indicateurs sont nécessairement une « simplification » de ce monde réel. Je constate que ces indicateurs sont très souvent une caricature de la réalité. Dès lors, l’évaluation se passe dans un mode imaginaire. Et l’inconvénient est que les décisions que l’on en tire ont bien un effet dans le monde réel.

 

En définitive, tout repose sur la pertinence des indicateurs. Cela porte sur leur définition et la validité de leur mesure. Il faut donc évaluer les évaluations.

 

Si l’on réfléchit à cette question, on s’aperçoit qu’il existe rarement d’absolu en la matière. Le filtre que constitue la sélection d’indicateurs est une décision politique de première importance. En effet, il importe d’abord de ne pas être « juge et parti ». Plus précisément, il y a 4 acteurs :

-          Celui qui définit les règles de l’évaluation (analogue au législatif).

-          Celui qui effectue l’évaluation (analogue aux médias ou aux sciences).

-          Celui qui est évalué (analogue à l’exécutif).

-          Celui qui tire les conclusions de ces évaluations (analogue au judiciaire).

Si l’on se ramène au cas de nos ministres, en ce qui concerne les évaluations de la conduite des politiques, il est bien évident que dans une société qui se prétend démocratique, celui qui tire les conclusions c’est le peuple. Les évaluations doivent être faites par une entité indépendante ayant un savoir-faire en terme de traitement statistique (genre l’INSEE). Les règles d’évaluation reviennent au pouvoir législatif.

 

A noter que le « truc » à évaluer s’applique à un vaste domaine. Ainsi les pratiques du législatif par exemple peuvent s’évaluer : mais le législatif étant celui qui est évalué, il faut 3 autres acteurs (définisseur de règles, mesureur, tireur de conclusion). Ceci ne doit pas effrayer outre mesure. En effet, les pratiques à évaluer ont une ampleur (en volume) allant en se réduisant. Au bout de 3 niveaux, le reliquat peut se concentrer en un corpus restreint et stable (du genre d’une conseil constitutionnel par exemple). De plus, le fait d’avoir 3 acteurs, permet d’équilibrer le système en croisant les arbres hiérarchiques : il n’est pas fatal de tout ramener à un seul « big brother ».

 

Il faut malheureusement déplorer que le décloisonnement des 4 acteurs évoqués ici ne se pratique généralement pas.

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