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Christophe a placé un commentaire qui m’a « dérouté ». En effet, il a mis en exergue l’opposition bien/mal que j’avais évoqué mais qui n’était pas au centre de mes préoccupations.
Pour avoir dit une fois que « le bien et le mal n’existait pas » (ce qui est effectivement un formulation très incorrecte) je me suis fait « prendre » par le passé. C’est que le sujet est sensible !
Je pense aussi au livre « dieu est mon pote » que je viens de lire ou l’auteur (Cyril Massarotto) fait dire à dieu que la question n’est pas entre le bien ou le mal mais entre le malheur ou l’amour. Je ne saurais dire si la phrase est pertinente, en tout cas elle prouve que je ne suis pas le seul à trouver inappropriée cette opposition bien/mal.
Rappel du commentaire.
"Peut être me contredirez-vous" ...
Mais avec plaisir!
Je pense qu'on aurait tort de pousser l'humilité jusqu'à se refuser à considérer des actions ou des situations du point de vue du bien et du mal.
Tout d'abord il semble bel et bien y avoir des choses et des actions "bien", "bonnes" et des choses ou des actions "mauvaises". C'est un fait: je me sentirais mal si je devais faire souffrir quelqu'un pour une raison ou pour une autre, et je ne mets pas volontiers les mains dans l'eau bouillante.
Et c'est un principe universel. L'immense majorité des humains sont dans ce cas, presque par construction: cela doit être une simple conséquence de l'évolution.
Là où cela devient subtil, c'est lorsque l'on essaie d'établir un jugement bien/mal dans un contexte particulier. Les sacrifices humains des aztèques étaient ils une bonne chose? Après tout on peut facilement imaginer que les sacrifiés étaient heureux de leur sort... Que penser de l'excision dans certaines religions aujourd'hui?
Il me semble qu'il existe des valeurs universelles qui permettent de rejeter catégoriquement ce genre de pratiques. Un relativiste aura tendance à justifier: "il s'agit d'une autre tradition, il faut respecter leur culture", etc. Sauf que le sacrifié ci-dessus supporte son mal (s'il le supporte) sur des bases un peu moins que scientifiques ...
Notez que ma réponse fait abstraction de toute considération morale, qui n'est pas nécessaire ici.
Bref, il faut se méfier du "relativisme absolu" ...
Le commentaire m’apporte la contradiction, pourtant j’ai des difficultés à saisir précisément où elle se situe. Je pense que c’est dans le relativisme et surtout son extension.
Revenons aux fondamentaux. Le mot « bien ». Comme souvent, il est polysémique.
Je pense que l’on peut laisser de coté le sens de « possession » (un bien, des biens). Ce n’est pas le propos.
Alors la définition que j’ai est : « ce qui favorise l’équilibre l’épanouissement d’un individu, d’une collectivité humaine ou d’une entreprise humaine (à tout point de vue). » Elle se subdivise en plusieurs spécialisation.
- Philosophique et théologiquement : Ce qui correspond aux aspirations essentielles de la nature humaine; ensemble de facteurs propres à amener et maintenir chaque être au summum de son accomplissement vital − notamment par la voie du perfectionnement spirituel; spéc., Dieu même en tant qu'Être suprême, parfait, éternel, source de tout ce qui est favorable à la progression des créatures et but de leur évolution.
- Domaine éthique : Ensemble des valeurs positives fondamentales (respect de la vie et de la dignité humaine, justice, assistance mutuelle, etc.) prônées par une société donnée comme utiles à l'harmonieux développement, au progrès moral des individus, de la communauté.
On va supposer que le mal a une définition opposée.
Tout d’abord, la notion de bien/mal dans le sens étique ne peut se séparer de la morale.
Au-delà de conformité à la morale, la notion de bien/mal est souvent synonyme de correcte/incorrecte. Ceci s’effectue par rapport à une norme.
Dans les 2 cas on retrouve ma relativité. Cette notion n’a de sens que par rapport à un corpus de normes (pas nécessairement formalisées).
Je constate que l’Histoire humaine est faite de personnes ou groupes qui ont tenter d’exprimer et/ou d’imposer un ensemble de règles normatives définissant ce « qui est bien » de ce qui ne l’est pas. Cela s’est effectué sous différentes formes (religions, dogmes, loirs, règlements, règles morales,…). Cela perdure. Il est quasiment impossible de s’en affranchir. Bien que cela soit des contraintes, elles ne sont pas nécessairement négatives ou « à ne pas respecter ». Le point que je souligne c’est leur relativité. C'est-à-dire que tout cela est une construction humaine qui prend des formes variées dans le temps et dans l’espace (vérité en deçà des Pyrénées, erreurs au-delà). Comme je ne vie pas dans les limbes, je dois effectivement vivre avec. Mais que l’on vienne pas me persuader qu’elles sont valables « de toute éternité ».
Il reste l’énigmatique question d’un Bien ou d’un Mal « absolu » qui relève de la philosophie et surtout de la théologie. On aura compris que cette dernière n’est pas ma tasse de thé. C’est pourquoi je trouve cette question comme « insensée ».
A défaut, on peut se poser la question d’un principe « de l’espèce humaine » sous-jacent. On rentre là dans une question qui peut avoir une réponse scientifique. Je ne pense pas qu’elle soit complètement éclaircie jusqu’ici.
L’espèce humaine est une espèce dont les individus vivent en société. Sans doute, avons nous beaucoup de choses en commun avec les singes. Il me semble que des résultats/expériences en sociologie suggèrent que les humains (considérés comme des humains standards de l’espèce humaine) ne sont pas si égoïste que cela et que des comportements de « solidarité » soient de nature génétique. L’explication en détail de tout cela nécessite une spécialisation que je n’ai pas. Il est probable que cela soit l’un des apports de l’évolution (j’ai lu que quasiment dès le début, le principal danger de l’espèce humaine était elle-même et que donc les comportements trop « anti humains » ont été éradiqués par sélection).
Mais intuitivement, je ne pense pas que cet ensemble de caractéristique génétiques (moyennes) de l’espèce humaine soit à décrire en terme de bien/mal. Ce serait inefficace. Altruisme/égoïsme semble déjà préférable et sans doute cela reste imparfait.
Enfin, un point qui me semble être presque hors sujet concerne nos « perceptions ». C’est plutôt l’opposition « bien être/douleur » dont il s’agit. Il me semble presque certains que notre système cognitif présente la caractéristique de classer les « sensations » dans ces cases. Mais là encore le classement dépend des individus et de leur histoire. La sensation de douleur n’est pas la même pour tout le monde. Des pratiques de « contrôle de soi » permettent de ne plus subir de plein fouet cette « tyrannie des sens » (sans être un expert en la matière, j’en ai assez fait pour pouvoir l’affirmer). A noter que cela n’est pas gratuit. Le fait d’être capable d’atténuer la douleur (son intensité) se traduit immanquablement par le fait que la sensation de bien être est atténué : il n’y a pas de père noël.
Au final, il me semble que la contradiction avec mon interlocuteur porte sur l’existence de « valeurs universelles ». Elles seraient au-delà de la biologie et de la génétique. Elles seraient donc culturelles. Mais elles seraient universelles. Le respect ou non de ces valeurs seraient donc ce qui permet de classer en bien ou en mal.
Je doute du caractère universel de tels valeurs. Les exemples employés dans le commentaire viennent appuyer mon constat. Si un groupe ethnique a des valeurs et des pratiques différentes, celles-ci ne sont pas universelles. On peut le déplorer, mais on ne peut pas nier l’existence des autres.