Le « débat » sur le réchauffement climatique est l’occasion de s’interroger (chacun de son coté) sur l’origine de nos savoirs (ou de nos croyances : j’emploierai l’un pour l’autre de façon équivalente ici).
De façon factuelle, on sait ce que l’on sait uniquement grâce à ce que l’on a vécu. Ceci revient à supposer la non existence d’un savoir « inné ». Pas de savoir transmis par hérédité, pas de croyance de « l’espèce » (telle que celle décrit dans la planète des signes de P Boule par exemple).
Ceci étant dit, on peut tenter de classer justement «ce qui s’est passé dans notre vie ».
Il y a tout d’abord le savoir d’expérience de « premier main ». C'est-à-dire ce que l’on a mesuré, expérimenté, constaté par nous même. On va les classe en type I.
Il y a ensuite les témoignages de première main que l’on a recueilli. Ceci peut être fait par l’écoute ou par la lecture. On connaît (pas forcément de façon privée) le témoin. (type II)
Il y a en suite les témoignages de nième main (avec n>1). C’est l’essentiel du contenu des médias. (type III)
J’ajouterai enfin les compilations récapitulatives. C’est notamment l’affaire de la scolarité (où le professeur ne témoigne généralement pas de son expérience mais transmet un « savoir collectif » approuvé par le ministère ;). C’est aussi tout un ensemble de documents (généralement écrits) qui résultent du travail de collecte, filtre, tri, éclaircissement, mise en ordre, etc. de « médiateurs » du savoir. (type IV)
Cette classification étant proposée, il apparaît qu’en pratique, les « moments de la vie » sont un mélange de tout cela. Il est sans doute souvent impossible de faire le tri (surtout entre les 3 derniers).
A cette difficulté, il s’ajoute celle liée à la nature de « ce dont on parle ». Est-ce un fait ? Une idée ? Une théorie ? Une opinion ? etc. Je l’avais déjà abordé dans mes premiers articles (notamment là : http://errements.over-blog.net/article-3311449.html)
Du point de vue de chacun, les connaissance de type I sont les plus assurées. Toutefois, le système cognitif humain est loin de la perfection (au sens mathématique) et notamment les illusions ou erreurs d’interprétations sont monnaie courante. Aussi même celles-ci ne sont pas « sûres ».
La valeur de vérité de connaissances de type II réside dans la confiance que l’on a dans le témoin (tant en terme de sincérité que de lucidité). On peut améliorer la situation si l’on dispose de plusieurs témoins. Mais cela ne peut s’appliquer qu’à des faits.
La valeur de vérité de connaissances de type III réside dans la confiance que l’on a dans le travail du média. Il est sensé avoir compris l’information, l’avoir recoupé, en rendre compte de façon sincère et sans déformation (notamment non tronquée). Il faut admettre que c’est un travail conséquent. Il est assez incompatible avec l’exigence économique de ce monde des médias. Par ailleurs, la quasi-totalité des médias ne cherchent pas un point de vue neutre, équilibré. Ils adoptent un point de vue partisan, orienté. Ils le font parce que c’est ce qu’attend leur lecteur (le journal publie ce que les lecteurs veulent lire).
J’ai différencié le type IV à cause de plusieurs caractéristiques. C’est avant tout un savoir récapitulatif : il ne s’agit pas d’un événement anecdotique et isolé. En conséquence, il vient « après coup » : il se passe du tout dans cette compilation, les erreurs grossières ont eut le temps d’être identifiées et éliminées, le travail de recoupement a pu être menée. Les médias en jeu ne sont généralement pas les mêmes (journaux contre dictionnaires, essais, programmes scolaires, etc.). J’ai l’impression que jusqu’à une époque récente, les connaissances provenant de ce type étaient les plus fiables et que cela est en train de changer. La bataille du mensonge a aussi envahit ce terrain là (il s’agirait d’une tendance et en aucun cas une situation en tout ou rien).
Selon la démarche cartésienne pure, il faudrait tout vérifier par soi même (type I). Mais il a été dit que même ce type n’est pas une garantie. Du point de vue individuel, il n’y a pas de solution parfaite : il s’agit de trouver un compromis. En pratique, tout un chacun se construit un corpus de croyance bâti sur les informations glanées ici ou là. Il s’agit notamment de rester cohérent. C’est d’ailleurs pourquoi toute remise en cause d’une de ces croyances est profondément désagréable et entraine de telles difficultés (plus la croyance est ancrée et profonde et plus difficile elle est à extirpé, comme les racines d’une mauvaise herbes). Le pire, c’est que l’on ne peut pas s’en passer (si vous ne me croyez pas, essayez de vivre sans préjugé aucun).
Face à cela, il me semble qu’il y a 3 voies complémentaires.
La première est de ne pas trop ancrer de croyances « en soi » et de le faire de façon consciente en tenant compte de la force de la validité de l’origine des données. Il faut rester souple et être prêt à changer de croyances.
La deuxième consiste à chercher à restreindre ses croyances, accepter de rester incrédule c'est-à-dire ignorant. En fait, il s’agit de savoir que l’on ne sait pas. Peut être bien que oui ou peut être bien que non. D’accord, pour le reste du monde, il faut parfois prendre parti, être ferme (chercher à éviter ses situations). Alors peu importe l’option, il faut la défendre (dans le public) bec et ongle.
La troisième est de tracer la cohérence logique. Il s’agit d’en rester à une analyse logique de l’argumentaire : « si ceci alors cela »[1]. L’enchainement est-il logique ? Peu importe si ceci est vrai ou non. En faisant cela on se construit une boite à outil logique permettant d’appréhender le bavardage du monde. Au besoin, il sera possible de transposer le débat sur le plan logique. Dans 99,999999% des cas, la victoire logique est certaine car les gens ne sont pas logiques. En bonus, puisque la démonstration est sur la logique et non sur les propositions, leur croyance n’est pas attaquée de front ([1] est faux, cela n’empêche pas « cela » de pouvoir être vrai). On retrouve ici la notion de relativité que j’avais abordé ici : http://errements.over-blog.net/article-relativement-bien-38691405.html.
Il reste le point de vue collectif (l’Humanité ou à défaut, le pays, voire le « monde scientifique »). Je l’avais abordé ici : http://errements.over-blog.net/article-un-petit-article-pour-moi-un-grand-pas-pour-l-humanite-40501564.html.
J’ajouterais qu’il est douteux qu’une collectivité ait pour objectif principal de produire « de la vérité ». Cet objectif n’est qu’en second plan. En conséquence, tous les moyens ne sont pas mis en œuvre pour l’obtenir. Et il en résulte une imperfection.