J’ai grandi au milieu d’un discours médiatique portant sur la « pollution ». Marée noire par ci, décharge sauvage par là, centrales nucléaires, guerre atomique et retombées radio actives. Cette « sensibilisation écologiste » m’est restée.
Toutefois, si je gobais aisément tous les discours sur la « Nature », la « sauvegarde des animaux » et autres thèmes bien pensants de l’orthodoxie verte, c’est moins le cas.
Justement, je voudrais m’arrêter un instant sur le concept de pollution. Ce mot est employé abondamment et en conséquence, il est plutôt maltraité (il faudrait le protéger lui aussi ;). Je propose de le « cadrer » comme suit :
Nous avons affaire à un « système naturel » (en gros la biosphère en lien avec le soleil, l’espace interplanétaire et les couches internes de la Terre). Ce système naturel est fait de minéraux, végétaux et animaux (et autres bidules entre les 2 « règnes »). Ce système évolue. Les principes d’évolution sont assez bien connus : force physiques (surtout pour la géologie et la météo), accidents, lutte de la vie pour les ressources.
L’espèce humaine faisait partie de système naturel. On peut estimer qu’elle s’en est détachée au moment de l’agriculture il y a environ 10000 ans. En effet, dans les millénaires qui précèdent, même si l’organisation et la technicité humaine avait affranchie l’espèce de ces prédateurs, elle restait essentiellement dépendante du système. Cette libération du «système naturel » a été graduelle. On peut estimer qu’en ce début du 21ème siècle elle est complète pour une frange de la population et bien entamée pour le reste. La pollution apparaît dans cet écart.
Lorsqu’on dit « pollution » on pense « rejet ». Il me semble que pour être pertinent le concept doit aussi englober la partie « captation ». Cette partie était peut être marginale jusqu’au XXème siècle, mais cela n’est plus le cas. La pollution concerne donc la captation (des ressources au sens large) du système naturel et le rejet (des « déchets ») dans ce système par l’espèce humaine.
Il apparaît donc un facteur qui n’est pas négligeable : le chiffre de la population humaine. Je l’ai déjà écrit, mais cela vaut le coup d’être répété, c’est bien le niveau de l’effectif de la population humaine qui est la cause principal de ce « problème ». Avec 600 millions de personnes au lieu de plus de 6 milliard, il ne se poserait pas. Si l’on refait l’Histoire, c’est d’ailleurs bien l’agriculture qui a permis à cette population de « décoller » de la vingtaine de millions de la préhistoire.
Alors je le répète pour enfoncer le clou : « le problème de pollution est avant tout un problème de surpopulation. Les politiques natalistes sont criminelles ».
Ceci étant dit, la population humaine étant ce qu’elle est, il faut faire avec. On peut essayer d’amorcer une analyse qualitative de la pollution.
Pour la partie « captation », on pense à l’énergie, l’eau, les métaux, Les combustibles fossiles, les minéraux « rares » (ie diamant), les matériaux de construction de type « pierre », le bois et assimilé, les aliments, la surface. Ils se dégagent aisément en 2 parties : les ressources renouvelables (bois, aliments, eau) et les non renouvelables (combustibles, métaux ; minéraux, surface,…).
Pour les ressources renouvelables, la question porte sur le « taux de prélèvement ». En effet, le prélèvement de cette ressource se fait au détriment du système naturel. Ce qui est tolérable lorsque le prélèvement est infime devient insupportable lorsqu’il y a appropriation exclusive. Un taux maximal situé entre 1/3 et 1/2 semble la limite. Evidemment l’analyse devrait être détaillée par type de ressource et par secteur régional.
Pour les ressources non renouvelables, il y a un écart entre celles qui sont « quasiment infini » (les pierres de construction) et celles dont l’horizon de consommation est en vue (les combustibles). Il y a aussi une différence entre celles qui sont réutilisables / recyclables (les métaux et celles qui sont entièrement consommées. Enfin, ces ressources étant non renouvelables, en général le « système naturel » n’en a généralement pas besoin. Le problème n’est donc pas là la pollution mais l’épuisement de la ressource.
Il y a 2 ressources particulières qui méritent un examen spécifique. La surface et l’énergie (solaire). Elles sont un peu liées. La surface est non renouvelable mais non consommable. Elle est « occupée ». La notion de taux d’occupation rejoint celle des ressources renouvelables. C’est une question fondamentale à trancher : quelle est la part de surface que l’espèce humaine s’autorise à occuper (tout type d’occupation) » ? Pour la partie terrestre, (hormis l’antarctique), on est sans doute en train de dépasser les 50%. Pour la partie maritime c’est plus complexe à quantifier. L’énergie de type solaire (+ énergie interne) est de nature renouvelable. Mais elle se traduit pas une occupation de surface.
En ce qui concerne les rejets, on a de « l’énergie ou des matériaux ».
L’énergie c’est du « froid » (en générale c’est anecdotique), du chaud (une nuisance faible localement), des rayons ( ?). Ces rejets sont plutôt « anodins ».
Les matériaux ce sont des déchets de consommation (alimentaires, papier, métaux,..), des produits « chimiques » et des produits radioactifs. Ils sont sous forme solide (bloc ou poudre), liquide, en solution aqueuse ou gazeuse. On peut les classer selon leur « chimie » ou leur « caractéristiques atomiques ». En ce qui concerne les caractéristiques atomiques, l’être humain ne crée pas véritablement d’isotopes nouveaux. Même un composé artificiel comme le plutonium existe dans l’univers. En ce qui concerne la chimie, les atomes en jeu sont « banals ». C’est la combinaison de ces atomes qui est « artificielles ».
En définitive, il apparaît 2 paramètres essentiels : la concentration du rejet et la « dangerosité intrinsèque » de celui-ci. Le premier est assez objectif. Le second est par contre plus subjectif.
La quasi-totalité des matériaux rejetés dont partie du système naturel. En conséquence, ils sont intégrés dans le cycle d’évolution naturel. Mais, la constante de temps du cycle qui les concerne peut être longue. D’autre part, la surconcentration locale du rejet peut saturer la capacité de « traitement naturel ». Il est parfois possible de « donner un coup de pouce » au cycle naturel (brûler un plastique par exemple).
En ce qui concerne les rejets « à longue constante de temps », ils sont souvent inertes ‘c'est-à-dire à faible dangerosité). Ainsi, le verre est il un minéral quasiment naturel dont le rejet dans la nature n’est qu’un problème esthétique.
En ce qui concerne la concentration, la réponse n’est pas unique. Il y a des rejets de faible volume, très dangereux à faible constante de temps qu’il vaut mieux confiner (les produits radio actifs). Il y a des rejets de fort volume, peu dangereux qu’il vaut mieux disperser (les gaz).
Voilà une petite mise au point sur la « pollution ». La captation des ressources fait partie du problème. Le traitement ou recyclage des rejets est une nécessité. A ce sujet, il serait bon de revaloriser les métiers associés (ne plus mépriser les « poubelliers » comme dit mon fils).