On célèbre Darwin cette année. C’est l’occasion d’une profusion d’article sur lui et surtout sur la théorie de l’évolution (des espèces). Cela a notamment été l’objet d’un hors série de Télérama.
Tout n’est pas mauvais dans cela. J’y ai appris beaucoup de choses. Mais comme je suis chipoteur, je vais pointer les éléments « gênants ».
Tout d’abord, dans ces discours, il manque un récapitulatif sur ce que dit la théorie de l’évolution des espèces. Accessoirement, cela oblige à aborder le problème ambigu de la notion d’espèce.
Ensuite, La théorie de l’évolution des espèces (darwinienne) est une chose, les modèles d’évolution divers et variés qui traitent d’autres sujets (sociologique, économie, civilisation,…) en est un autre. Le fait de présenter les sujets ensemble sans clairement les distinguer n’apporte que de la confusion. En l’occurrence, puisqu’il s’agit d’honorer Darwin, cela est un échec. En effet, autant la théorie darwinienne est une assise solide pour l’évolution des espèces autant les modèles évolutionnistes des autres domaines sont discutables.
De plus, il y a les questions qui restent sans réponse concernant la théorie des espèces. Cela aurait mérité un examen. Mais l’objectif de ce genre d’article n’est pas d’aborder le fond scientifique mais la polémique médiatique (du XIXème siècle et celle de nos jours).
Enfin, les présentations (sauf le documentaire d’Arte) échappent rarement à la présentation « dirigiste » de « l’évolution qui abouti à l’Homme ». Or la conséquence principale de la théorie de l’évolution c’est justement l’absence de « cible ». La vision de la sphère arborescente sans direction principale est plus appropriée.
La théorie de l’évolution des espèces est un modèle explicatif qui explique quel est le moteur de l’évolution des espèces (ceci suppose que les espèces évoluent, et Darwin a grandement consolidé cette preuve). Ce modèle est très solide. Il s’appuie sur 3 éléments :
- le hasard des « mutations » (le détail de l’explication des mutations génétiques n’a été vu qu’après et il reste des larges parts d’inconnu),
- la « sélection naturelle » (le fait « évident » que seuls vivent des individus dont les ancêtres ont eu une descendance, c’est une « Lapalissade »),
- et le caractère génétique d’un vaste ensemble de caractéristiques physiologiques (le détail fin de ce qui relève du génome et ce qui n’en relève pas d’une part et le mécanisme du passage entre le génome et le caractère physiologique d’autre part ne sont pas complètement élucidés).
Ce modèle s’applique sur le vivant (du fait de la mort et de la transmission des caractères aux descendants). Sa « force de vérité » ne s’applique qu’à lui. Les modèles d’évolution des autres domaines doivent se « justifier eux-mêmes ».
Il reste des questions sans réponses. On a par exemple :
- La notion d’espèce ? Combien d’espèce actuellement ? Combien d‘espèce ont vécu ?
- Comment se passe pratiquement le passage d’une espèce à l’autre. Combien de générations sont nécessaires, faut-il obligatoirement un isolement ? Quel rôle joue le « code mort » du génome ?
- Combiens de mutation, quel rythme ?
- Combien d’espèces se créent actuellement ?
- L’évolution des espèces est continue mais semble plutôt se produire préférentiellement pendant de courtes périodes de temps. Est-ce sûr ? Quelle proportion pour chaque modèle ?
C’est bien ainsi, le sujet n’est pas « clos ».